
Suzanne Roger, Porto Vecchio, 1961
Il y a déjà quelques temps, quand le dernier ouvrage de Jérôme Ferrari venait de paraître, j’avais un peu trop tardé et, arrivé chez mon libraire, il était en rupture de stock. Ce qui m’avait fort ennuyé, car je me faisais d’avance un plaisir à l’emporter lors de mon prochain voyage professionnel au cours duquel je savais que j’aurais de longues soirées à passer seul, dans ma chambre d’hôtel anonyme, en attendant de reprendre mon activité le lendemain matin.
J’étais sur le chemin du retour, avec un peu d’avance, et je flânais dans le hall d’Orly quand l’idée me vint, passant devant l’enseigne de la FNAC, d’y entrer pour acheter l’ouvrage désiré. Le rayons étaient si achalandés que, plutôt que de le rechercher par moi-même, je demandai à une accorte vendeuse de me trouver « le dernier livre de Jérôme Ferrari » dont je n’avais pas encore mémorisé le titre.
Elle m’accompagna aimablement, et pendant que je la suivais vers la caisse, elle me demanda si je partais pour la Corse. À ma réponse, tout en glissant le livre dans un sachet et en me tendant la facture, elle me dit d’un ton très professionnel « vous savez les choses ne se passent pas toujours comme dans les livres, vous pouvez y aller sans crainte ».
Un peu stupéfait, je restai sans voix. À peine embarqué, je me mis à la lecture, avec la délectation espérée, attendue, et j’oubliai ainsi l’étrange commentaire de la libraire devant la beauté de la langue, l’architecture de la construction et le tragique inéluctable de la situation.
Et puis cette anecdote me revint en mémoire en lisant la splendide conclusion du texte de Sampiero dans Robba, quand il prophétise que « Les sentinelles, au cœur de la nuit dans un monde hostile, ne peuvent jamais oublier leur propre vulnérabilité, voire leur insignifiance ».
J’allai alors par curiosité vérifier sur la toile quels commentaires avaient accompagnés la sortie de Nord Sentinelle, et je lus, sous l’énigmatique signature de MFNS, les propos suivants : « ce livre qui nous met face à nous-même et l'on ressent le mal être de l'auteur dans son analyse d'une société qui perd ses valeurs et ses repères. Livre qui fait réfléchir sur la nécessité de s'ouvrir aux autres tout en restant soi-même. Le pouvoir de l'argent facile qui anéantit tout et ne nous donne plus la volonté de faire et de construire. Que sera demain, aux nouvelles générations appartient ce renouveau tant souhaité… »
C’est justement, me semble-t-il, à cette question que répondent, chacun à sa manière, Sampiero Sanguinetti et Gilles Zerlini, le premier en faisant l’éloge de la vulnérabilité comme condition du courage, le second en nous démontant l’impitoyable nécessité de l’analyse : Qu’avons-nous fait du jardin de nos pères ?
J’étais sur le chemin du retour, avec un peu d’avance, et je flânais dans le hall d’Orly quand l’idée me vint, passant devant l’enseigne de la FNAC, d’y entrer pour acheter l’ouvrage désiré. Le rayons étaient si achalandés que, plutôt que de le rechercher par moi-même, je demandai à une accorte vendeuse de me trouver « le dernier livre de Jérôme Ferrari » dont je n’avais pas encore mémorisé le titre.
Elle m’accompagna aimablement, et pendant que je la suivais vers la caisse, elle me demanda si je partais pour la Corse. À ma réponse, tout en glissant le livre dans un sachet et en me tendant la facture, elle me dit d’un ton très professionnel « vous savez les choses ne se passent pas toujours comme dans les livres, vous pouvez y aller sans crainte ».
Un peu stupéfait, je restai sans voix. À peine embarqué, je me mis à la lecture, avec la délectation espérée, attendue, et j’oubliai ainsi l’étrange commentaire de la libraire devant la beauté de la langue, l’architecture de la construction et le tragique inéluctable de la situation.
Et puis cette anecdote me revint en mémoire en lisant la splendide conclusion du texte de Sampiero dans Robba, quand il prophétise que « Les sentinelles, au cœur de la nuit dans un monde hostile, ne peuvent jamais oublier leur propre vulnérabilité, voire leur insignifiance ».
J’allai alors par curiosité vérifier sur la toile quels commentaires avaient accompagnés la sortie de Nord Sentinelle, et je lus, sous l’énigmatique signature de MFNS, les propos suivants : « ce livre qui nous met face à nous-même et l'on ressent le mal être de l'auteur dans son analyse d'une société qui perd ses valeurs et ses repères. Livre qui fait réfléchir sur la nécessité de s'ouvrir aux autres tout en restant soi-même. Le pouvoir de l'argent facile qui anéantit tout et ne nous donne plus la volonté de faire et de construire. Que sera demain, aux nouvelles générations appartient ce renouveau tant souhaité… »
C’est justement, me semble-t-il, à cette question que répondent, chacun à sa manière, Sampiero Sanguinetti et Gilles Zerlini, le premier en faisant l’éloge de la vulnérabilité comme condition du courage, le second en nous démontant l’impitoyable nécessité de l’analyse : Qu’avons-nous fait du jardin de nos pères ?
En savoir plus sur l'illustration
Il s'agit d'un détail d'une mosaïque de Suzanne Roger réalisée en 1961 pour la ville de Porti Vechju. Elle est à découvrir dans la salle des mariages de la mairie.