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Corses et enfants d'immigrés


Certains thèmes de la vie politique et sociale enferment des femmes et des hommes dans les préjugés et dans la difficulté d'exprimer un point de vue, une expérience.
L’immigration en fait partie, au plus haut point. Posée comme un débat incontournable depuis plusieurs mois à l’échelle européenne et à l’échelle française, elle suscite des polémiques d’une grande brutalité. En Corse plusieurs faits divers y ont fait écho.
Nous retranscrivons ici, avec l’autorisation de France 3 Corse Via Stella, le rendez vous éditorial « In Mediterraniu » du Corsica Sera du 21 février 2024 animé par la journaliste Florence Antomarchi. Un format qui a permis d’entendre la parole à deux « enfants » insulaires de l’immigration marocaine.



Nadia Benchallal, Corse, 1998
Nadia Benchallal, Corse, 1998
Florence Antomarchi : Nous sommes le 21 février, aujourd’hui Missak Manouchian, l’apatride, le communiste, le poète, le résistant, est entré au Panthéon. C’est une bonne date pour parler du vivre ensemble ici et maintenant au milieu de la Méditerranée.
Vivre ensemble c’est quoi ? un slogan ? un projet ? des mots pour poétiser des différences que l’on ne cesse en même temps de stigmatiser…  Les mois passés ont été agités pour les étrangers, les immigrés, leurs familles.  
Crispations nationales ou identitaires partout : au niveau européen avec le débat sur le pacte sur la migration et l’asile  [1] au niveau national avec la loi immigration[2] et au niveau local par des faits divers et des mobilisations qui ne cessent de vouloir confondre à tout prix immigration et délinquance
 
Alors comment ça va les étrangers, les immigrés de Corse ?
alors que les premières générations - dont l’histoire ici n’est pas écrite - peinent toujours à s’exprimer, comment ça va pour leurs enfants  des deuxième et troisième générations ?
Il n’y a pas de représentants pour les enfants des populations maghrébines arrivées dans les années 60, alors pour les entendre nous accueillons deux voix singulières, celles de Nadia Ameziane-Federzoni et d'Hichame Karaa.
 

[1] Pacte Européen pour la Migration et l’Asile – Union Européenne / adopté en mai 2024. Son projet a été mis en route suite à la crise de l’accueil des réfugiés en 2015 où les divergences entre Etats Membres se sont révélées majeures. Relancés en 2020, les textes adoptés après quatre ans de « négo » reposent sur un « filtrage » des migrations à la frontière et des mécanismes de solidarité « assouplis » pour la répartition des demandeurs d’asile. De l’abstention au refus partiel ou total, les pays membres d’Europe centrale ont réaffirmé ne pas vouloir d’une responsabilité partagée dans ce domaine. L’extrême droite européenne y a puisé des arguments pour les élections de juin.
https://fr.euronews.com/my-europe/2024/05/14/lue-acheve-sa-reforme-des-regles-en-matiere-dimmigration-malgre-le-vote-negatif-de-la-polo
[2] « Loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration », adoptée en décembre par l’Assemblée nationale ; le RN salue alors « une victoire idéologique ». La loi a été censurée un mois après pour plus d’1/3 de ses articles par le Conseil Constitutionnel pour irrespect des principes fondamentaux à savoir entre autres droit d’asile, accès à l’instruction, droit à une vie familiale normale, principes d’égalité et de fraternité… 
 

Florence Antomarchi : Nadia, vous êtes archéologue, on vous a vue, lors d’un documentaire à l’œuvre dans vos recherches sur le plateau d’Alzu ; vous travaillez donc dans le temps long. Mais, dans le temps court, dites-nous un peu votre histoire ?

Nadia Ameziane-Federzoni : Je suis née en Haute-Corse en 1974, dans un village au-dessus de Ghisonaccia, sur la plaine orientale ; j’ai fait toute ma scolarité et mes études ici de l’école primaire à l’Université Pasquale Paoli. Actuellement j’exerce ma profession d’archéologue aussi sur le territoire corse.

Florence Antomarchi : Hichame vous êtes agent d’entretien et par ailleurs président du conseil citoyen [1] des Jardins de l’Empereur ; avec vous, c’est la citoyenneté comme fabrique quotidienne. Quel est votre parcours ?

Hichame Karaa : Je suis né en 1976 à Ajaccio ; mes parents sont Marocains ; j’habite le quartier Les jardins de l’Empereur depuis que j’ai 6 ans, j’en ai 47 ; je suis engagé dans l’association du Conseil Citoyen où j’œuvre pour la citoyenneté ici sur Ajaccio.
 

[1] Prévus et encadrés par la loi pour la cohésion urbaine (2014) les conseils citoyens sont des collectifs d’habitants et d’acteurs d’un quartier prioritaire pour favoriser leur participation directe.

Droit du sang /droit du sol

Florence Antomarchi : Avant d’aller plus loin rappelons un peu le contexte en quelques faits et mots. De Paris à Paese Novu en passant par … Mayotte !

Extraits visionnés :
Vue de Paris d’abord avec la loi immigration. Deux jours après son adoption par le parlement, le 21/12/2023, le Président de la République Emmanuel Macron se montre satisfait d’«une loi bouclier ». À Mayotte[1] le 11/02/2024, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonce pour cette île la fin du droit du sol pour « couper littéralement l‘attractivité qu’il peut y avoir dans l’archipel mahorais ». En écho immédiat, Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National, demande le jour même l’extension de cette initiative « partout dans le territoire français ».
 

[1] Dans l’océan indien, le territoire français d’outre-mer Mayotte se débat entre crise structurelle sociale et migratoire au cœur de l’archipel des Comores.

Rixes et Tensions

Florence Antomarchi : Enfin, ici, en Corse, ce sont par des faits divers - certaines agressions - pas toutes - ou rixes - que veut s’imposer le lien entre délinquance et immigration.

Extraits visionnés 2:
À Calvi le 8 aout, une très sévère agression au couteau par un jeune calvais de famille marocaine sur un autre jeune de famille calvaise donne lieu à une opération de représailles d’une cinquantaine d’individus cagoulés sur la maison de la famille de l’auteur présumé des coups de couteau. Le lendemain, on retrouve voiture brulée et tags sur les murs de la maison : « Arabi fora » et « HLM à i Corsi ». Un de ces individus dit aux journalistes : « on veut tout simplement se défendre et défendre nos valeurs. La Corse s’est toujours défendue et on continuera jusqu’au bout. Je suis nationaliste, je ne me sens pas raciste pour autant, mais je saurai défendre les miens ».
 
À Ajaccio le 17 aout 2023, des menaces verbales contre des agents municipaux sont retenues pour organiser un rassemblement « express » au quartier des Cannes. On y entend Nicolas Battini, du mouvement Mossa Palatina, « dès lors qu’au trafic de drogue s’adjoint une volonté de contrôler le territoire et que cette volonté émane nécessairement de communautés qui ne sont pas des communautés corses, on est en droit sinon de constater de dénoncer ce genre de logiques qui sont finalement des logiques politiques ».
Même mobilisation, même mise en cause de l’immigration à Paese Novu[1] , 600 personnes se retrouvent à Bastia le 13/01/2024 derrière la banderole « Racailles Fora » après une bagarre à Furiani.
 

[1] Dans ce cas-là les premières explications de la personne se disant victime d’une agression par une « bande maghrébine » ont été totalement réfutées par un procès quelques semaines plus tard… https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/haute-corse/grand-bastia/rixe-de-furiani-l-idee-d-un-lynchage-ou-d-une-violente-agression-fermement-refutee-par-le-procureur-de-la-republique-de-bastia-2923551.html

Amalgames

Florence Antomarchi : Que retenez-vous l’un et l’autre de ces moments et de ces mots prononcés de Paris à Paese Novu ? Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?

Nadia Ameziane-Federzoni : Moi, je retiens beaucoup d’injustice dans les propos qui sont tenus par les différences mouvances qu’on a entendues. Injuste parce qu’on confond tout, on mélange tout, on considère qu’à partir du moment où l’on est d’origine maghrébine ou « arabo-musulman » - c’est d’ailleurs un terme qu’on entend de plus en plus souvent - on est forcément un délinquant.
Je suis choquée par ces propos-là parce que je pense à ces personnes qui sont soit issues de l’immigration ou qui sont immigrées à l’heure actuelle, des personnes qui travaillent tous les jours, qui sont des ouvriers, des employés, de l’agriculture ou du bâtiment, qui s’investissent, qui se lèvent tous les matins, qui font ce qu’ils ont à faire, qui enrichissent la société et finalement ils sont réduits à des « arabo-musulmans délinquants » voire à des « racailles », donc je trouve ça très choquant
 
Hichame Karaa : C’est vrai que quand je vois ça, ça me désole et en même temps je me dis tout est mal arrangé. Il y a un mal-être quelque part, on ne peut pas tout remettre sur l’immigration et mélanger l’immigration et la délinquance.

Blessures

Florence Antomarchi : Quand vous en parlez avec vos amis est ce que vous avez l’impression que c’est un discours médiatique ou est-ce que cela pénètre la société ? Qu’en disent vos familles?
 
Nadia Ameziane-Federzoni : Est-ce que cela pénètre la société ?? Moi je crois que oui ! Cela touche toute la société, tout le monde entend la télé, voit les infos. Et c’est très compliqué pour les gens de s’exprimer sur ces questions. Du coup c’est beaucoup plus facile de faire comme si cela n’existait pas, comme si cela ne nous concernait pas… « Non ce n’est pas nous, c’est des cas isolés, ça va redescendre » … Mais il y a une reproduction de ce type de faits qui n’est pas à regarder sans inquiétude.

Les Jardins de l'Empreur, 2015

Florence Antomarchi : Reproduction… en effet. Vous êtes tous les deux ajacciens et tout le monde a ici en mémoire les « événements » des Jardins de l’Empereur. C’était le 25/12/2015, suite à l’agression de pompiers par des jeunes résidents du quartier, des marches de protestation, trois jours de suite avaient résonné de propos racistes dans plusieurs quartiers de la ville.  Nous nous y étions rendus quelques jours après pour prendre le pouls de la population. Quelques extraits pour nous rappeler les faits et le contexte. 

Extraits visionnés 3 (L’écho des Jardins, 2015)
Malika, femme de ménage, habitante du quartier. « Je ne me sens plus en sécurité, moi et mes filles ; j’y pense tous les jours ; ça m’a fait vraiment mal au cœur. Je croyais que nous les immigrés on faisait partie de la Corse. »
Archive décembre 2015 Pendant les manifestations dans le quartier on entend des manifestants insulter des gens. Une femme proteste du haut de son balcon…
Un manifestant : « fermez-la, vous êtes des arabes" »
la femme au balcon « Monsieur, il y a des enfants ici ! »
le  manifestant « On s’en fout, c’est des enfants d'arabes ! »
il ramasse quelque chose par terre  et ébauche le geste pour le jeter vers la femme, d’autres manifestants s'écrient "non, non...!"

Jean Marie Arrighi, inspecteur d’académie à la retraite, essayiste: « Je crois qu’il faut qu’on en vienne à une modification claire de l’identité corse telle qu’elle a été vécue qui était une série d’identités emboitées : - je suis corse parce que je suis de telle famille qui est de tel village. Et on aura bientôt des gens qui seront corses sans être d’aucune famille corse ou d’aucun village corse mais qui seront corses quand même parce qu’ils parlent corse, parce qu’ils s’investissent dans la vie économique et sociale… »
 
(Extraits FR3Corse/ViaStella 01/ 2016)

Florence Antomarchi : Avant de revenir sur l’interview de Jean-Marie Arrighi, vous me disiez l’un et l’autre que ce moment de 2015 a été très important pour vous comme cela l’a été pour toute la ville et pour les populations immigrées. Il y a eu de la peur, des gens sont partis ? Hichame ?

Hichame Karaa : Oui, moi j’habite aux Jardins de l’Empereur et de revoir ces images-là, je suis ému. Oui, il y a des familles qui ont quitté la Corse,  d’autres ont déménagé des Jardins de l’Empereur vers d’autres quartiers…  Par rapport à l’histoire, en se souvenant des Marocains qui sont morts pour la Corse, quand on voit ça, ça fait mal…
 
Florence Antomarchi : Et pour vous Hichame, cela a été un engagement ? C’est après ce moment que vous décidez de vous engager plus encore ; vous étiez déjà membre du conseil citoyen et vous allez en devenir président.

Hichame Karaa : Oui, je me suis engagé pour œuvrer pour ce quartier parce qu’on s’est rendus compte qu’on ne se connaissait pas avec les voisins, qu’il fallait faire quelque chose mais dans la bienveillance, œuvrer avec la municipalité et les pouvoirs publics, essayer de faire quelque chose
 
Florence Antomarchi : Nadia, même cheminement pour vous ?

Nadia Ameziane-Federzoni  : Ah oui moi après ces jours-ci j’ai été extrêmement choquée (..) ; vous avez diffusé  quelques images et les mots violents « fermez-la,  vous êtes des arabes monsieur y a des enfants on s’en fout ces des enfants d’arabes… Là je me suis dis « qu’est-ce qu’on fait ?  C’est pas possible qu’est ce qui se passe »…  Du coup j’ai eu envie de m’investir, au niveau culturel, de rejoindre d’autres personnes qui étaient aussi choquées par ce que s’était passé et de travailler, de faire en sorte qu’il y ait des moments de rencontre et d’échanges ; là à travers l’action culturelle, à travers le cinéma qui peut être un vecteur pour défendre certaines idées, pour débattre… et après aussi personnellement dans mon travail que je réalise dans le quotidien, c’est vrai que cela a été déclencheur.
 

Florence Antomarchi : Est-ce que l’un et l’autre vous avez l’impression que vos engagements éloignent de nouvelles crises de racisme ? C’est vrai qu’il y a eu ces trois moments cet été et cet hiver dont on vient de parler, c’est vrai  que l’on voit aussi émerger un mouvement corse d’extrême droite, Palatinu, mais est-ce que vous avez l’impression que vos actions servent à quelque chose? Vous Hichame, dans le Conseil citoyen, il y a plusieurs nationalités, qu’y faites-vous ? Comment ça marche ?
 
Hichame Karaa :  C’est vrai que nous sommes plusieurs nationalités. Ces actions citoyennes portent leurs fruits, on arrive à faire plein de choses dans le quartier, par exemple co-construire les jardins familiaux, organiser des nettoyages de quartier, faire enlever des épaves… en fait voilà, ce sont des actions citoyennes et avec plusieurs cultures... Moi j’appelle les gens, peu importe leur nationalité, à s’engager dans la citoyenneté et à faire avancer les choses et changer l’image d’un quartier et aussi des personnes.

Florence Antomarchi  :  Il y a aussi des liens avec des partenaires institutionnels… Tout cela fonctionne ?

Hichame Karaa : Cela a mis du temps parce qu’on s’est aperçus que le quartier était complètement abandonné avant 2016. Suite à cela le quartier a fait la une (des médias)…  Là on voit (que les choses avancent) ;  les façades sont refaites, il y a eu plein d’aménagements dans le quartier et du coup, c ‘est vrai que cela change.
 
Florence Antomarchi : Nadia, mêmes questions ! Vous, vous engagez dans des projets culturels, c’est aussi créer du lien sur le terrain culturel, créer des relations sociales élargies sur ces questions-là. Avez-vous l’impression que cela avance ou pas ?

Nadia Ameziane-Federzoni  : Quand on voit les dernières images que vous avez diffusées on est assez loin... À titre individuel ou collectif, avec certaines personnes, on essaye d’avancer sur ces questions, de sensibiliser les gens, de faire un travail autour du vivre ensemble, mais moi je suis assez pessimiste.

Florence Antomarchi : Dans ce contexte, est-ce que le mot de communauté de destin - que certains essayent de remettre en cause-  a un sens ? Certains professeurs de droit public rapproche la communauté de destin du droit du sol - si on n’a pas de filiation on a une appartenance avec le territoire par ce qu’on y vit, parce qu’on y grandit, parce qu’on y travaille. Est-ce que l’idée de communauté de destin vous inspire confiance ?
 
Nadia Ameziane-Federzoni : Complètement, moi je suis dans la communauté de destin tout logiquement quand on vit dans un territoire qu’on a des enfants qu’on s’y projette en attractivité professionnelle, amicale, familiale, on est forcément dans la communauté de destin
 
Florence Antomarchi : Cette idée vous aide ?

Nadia Ameziane-Federzoni  : Evidemment ! Et quand elle est affirmée par des personnalités politiques qui la rappellent, ça rassure ! Parce que face à cela, il y a justement des personnes qui la remettent en cause.
 
Florence Antomarchi : Celui qui a rassuré récemment c’est Gilles Simeoni et celui qui a déstabilisé c’est Nicolas Battini avec Palatinu (mais Denis Luciani l’avait fait déjà il y a quelques années).
 
Nadia Ameziane-Federzoni : Oui, lui nous parle du droit du sang en nous disant que c’est le droit du sang qui est majoritairement appliqué ailleurs alors que c’est complètement faux ; dans la majorité des pays européens, occidentaux c’est le droit du sol qui prévaut[1] que ce soit la Belgique, l’Allemagne, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne.
Alors ca va de 1 an à 8 ans (de résidence), pareil pour les Etats-Unis, Canada, c’est pareil en Afrique aussi ..
 
Florence Antomarchi : … donc il faut se battre pour faire passer des histoires qui contrarient les autres… Et pour vous Hichame, que signifie ces termes de communauté de destin. Ces termes qui n’ont aucune valeur en droits mais l’idée est importante ?
 
Hichame Karaa : Cela nous rassure.  On est né là, on a grandi là, on a cette appartenance corse, de partout où l’on va, on vient de Corse qu’on le veuille ou non, on est aussi corse.
 
Florence Antomarchi : Qu’on le veuille ou non ? C’est-à-dire, c’est vous qui le voulez ou pas ou c’est le regard des autres ?
 
Hichame Karaa : Non, c’est le regard des autres. Nous on est d’ici.
 
Nadia Ameziane-Federzoni : Oui, moi je me sens corse. Après ça déplait à certaines personnes.
 
Florence Antomarchi  : Corse, Française, Marocaine ?
 
Nadia Ameziane-Federzoni : Pour les peuples sans Etat, je me sens corse et berbère et pour les peuples avec Etat, du coup française et marocaine… s’il faut aussi résumer mais voilà, c’est complexe, chaque individu a une histoire personnelle, familiale. Et ce qui compte c’est l’avenir… alors quand on nous dit: non, il n’y a pas de communauté de destin , on ne nous promet pas un avenir très radieux, excusez-moi mais ça me rappelle un peu les années 30 puisque vous avez commencé avec Manouchian, le discours qui en train de monter, c’est un discours des années 1930.
 
Florence Antomarchi  : Et à vos enfants qu’est-ce que vous leur dites ? Bon courage ?

Nadia Ameziane-Federzoni : Moi, mes enfants sont métis, mon époux est corse et je leur dis qu’ils sont pleins de richesse, qu’ils ont la chance d’avoir des origines différentes et de connaître plein de choses différentes. Et, en fait, ils ne manquent pas de courage.
 

[1] Droit du sang et droit du sol concernent  la nationalité et les droits et devoirs qui y sont joints. La filiation (droit du sang, on a la nationalité de ses parents) se combine dans la plupart des pays du monde avec le droit du sol mais avec des variables. Le droit du sol est automatique (par la naissance) en Amérique du Nord comme du Sud. Il est conditionné notamment par le temps de résidence – variable de 5 à 10 ans des parents étrangers dans toute l’Europe de l’Ouest… et en Afrique occidentale et centrale. Il n’existe pas en Asie.
Mardi 27 Août 2024
Florence Antomarchi, Nadia Ameziane-Federzoni, Hichame Karaa


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