Murs blanc et huisseries bleues, comme il se doit, et un flamboyant bougainvillier pour faire chanter les couleurs. À quelques pas, la mer Egée, et partout à l’horizon des îles. Parmi elles l’île sacrée, Délos où, dit-on, naquirent Apollon et sa sœur Artémis. Je participais, il y a quelques jours, à un séminaire consacré à la thématique du chaos dont les organisateurs avaient eu l’originale idée de le faire se tenir à Syros, principale île des Cyclades, dans un charmant hôtel en pleine campagne.
Campagne, c’est beaucoup dire, il vaudrait mieux parler d’un paysage aride de modestes collines portant partout les traces de terrasses abandonnées avec, ci et là, quelques chétifs oliviers entourés de touffes de buissons quasiment secs, et parfois dans les creux quelques maigres et longs roseaux. Tiens, y aurait-il de l’eau quelque part ? Sans doute y en eut-il, car on peut voir de loin en loin des restes de puits abandonnés, dont certains portent encore sur la margelle un treuil mécanique rouillé datant du siècle dernier.
Il n’y avait pourtant aucune restriction sur l’utilisation de l’eau dans l’établissement, qui disposait de plus d’une vaste piscine. À la question de la ressource, l’hôtelier répondit avec un certain orgueil qu’elle était inépuisable car elle provenait de la désalinisation de l’eau de mer. En effet, en me brossant les dents, j’avais bien perçu comme un lointain goût de sel…
Nous ne quittions notre havre de travail que pour de délicieux repas dans les restaurants des environs. Mais sur les tables toujours le même flacon rempli de sel rose. Effet de mode, me disais-je… Mais quand je réclamais du vrai sel de mer, les maîtres d’hôtel m’avouaient qu’ils n’avaient rien d’autre à me proposer.
Au cours de notre voyage, nous avions dû faire une soirée d’escale à Mykonos où nous avions atterri en débarquant d’un vol direct depuis Paris. L’avion était bourré pour une moitié de vacanciers du troisième âge, pour l’autre moitié d’une cohorte de quadra surexcités qui, comme nous l’avons rapidement appris, partaient y enterrer une vie de « fille ». Gros contraste avec le Bastia-Paris de sept heures du matin, et ses tranquilles passagers mal remis d’un réveil qui, pour certains, avait sonné sur le coup de cinq heures.
Avant de prendre le bateau pour Syros, dans la foule bigarrée qui déambulait mollement sur la promenade du port, j’avais remarqué que plusieurs personnes portaient fièrement un teeshirt sur lequel était écrit « Mykonos fucks Ibiza ». Je m’étais alors interrogé sur cette compétition inter-îles touristiques.
C’est grâce aux flacons de sel rose, sur lequel je m’empressai de me renseigner, que j’ai pu dénouer le mystère et identifier la cause de cet impudique affichage d’une imbécillité assumée : la carence en iode ! En effet, le poétique sel rose dit de l’Himalaya est en réalité un minerai extrait industriellement dans les mines de sel du Pakistan, et la réputation des mines de sel n’est plus à faire. Il est certes riche en sodium, mais pauvre en iode. Et quant on sait que c’est justement la carence en iode qui provoque le crétinisme, on comprend alors que les personnes qui fréquentent assidûment Mykonos - ou Ibiza - puissent en arriver au point d’exhiber un tel slogan.
Mais rien n’est perdu, car il se trouve que le processus de désalinisation a pour résultat de rejeter à la mer de grosses quantité de sel, et que le renouvellement du processus sur la durée peut avoir deux conséquences différentes mais toutes les deux positives. La première serait de transformer, par l’excès de sel, la Méditerranée en mer morte, et donc de résoudre ainsi la question du surtourisme. La seconde pourrait être que, grâce aux bains purificateurs dans une eau débordant d’iode, l’esprit revint aux crétins.
Campagne, c’est beaucoup dire, il vaudrait mieux parler d’un paysage aride de modestes collines portant partout les traces de terrasses abandonnées avec, ci et là, quelques chétifs oliviers entourés de touffes de buissons quasiment secs, et parfois dans les creux quelques maigres et longs roseaux. Tiens, y aurait-il de l’eau quelque part ? Sans doute y en eut-il, car on peut voir de loin en loin des restes de puits abandonnés, dont certains portent encore sur la margelle un treuil mécanique rouillé datant du siècle dernier.
Il n’y avait pourtant aucune restriction sur l’utilisation de l’eau dans l’établissement, qui disposait de plus d’une vaste piscine. À la question de la ressource, l’hôtelier répondit avec un certain orgueil qu’elle était inépuisable car elle provenait de la désalinisation de l’eau de mer. En effet, en me brossant les dents, j’avais bien perçu comme un lointain goût de sel…
Nous ne quittions notre havre de travail que pour de délicieux repas dans les restaurants des environs. Mais sur les tables toujours le même flacon rempli de sel rose. Effet de mode, me disais-je… Mais quand je réclamais du vrai sel de mer, les maîtres d’hôtel m’avouaient qu’ils n’avaient rien d’autre à me proposer.
Au cours de notre voyage, nous avions dû faire une soirée d’escale à Mykonos où nous avions atterri en débarquant d’un vol direct depuis Paris. L’avion était bourré pour une moitié de vacanciers du troisième âge, pour l’autre moitié d’une cohorte de quadra surexcités qui, comme nous l’avons rapidement appris, partaient y enterrer une vie de « fille ». Gros contraste avec le Bastia-Paris de sept heures du matin, et ses tranquilles passagers mal remis d’un réveil qui, pour certains, avait sonné sur le coup de cinq heures.
Avant de prendre le bateau pour Syros, dans la foule bigarrée qui déambulait mollement sur la promenade du port, j’avais remarqué que plusieurs personnes portaient fièrement un teeshirt sur lequel était écrit « Mykonos fucks Ibiza ». Je m’étais alors interrogé sur cette compétition inter-îles touristiques.
C’est grâce aux flacons de sel rose, sur lequel je m’empressai de me renseigner, que j’ai pu dénouer le mystère et identifier la cause de cet impudique affichage d’une imbécillité assumée : la carence en iode ! En effet, le poétique sel rose dit de l’Himalaya est en réalité un minerai extrait industriellement dans les mines de sel du Pakistan, et la réputation des mines de sel n’est plus à faire. Il est certes riche en sodium, mais pauvre en iode. Et quant on sait que c’est justement la carence en iode qui provoque le crétinisme, on comprend alors que les personnes qui fréquentent assidûment Mykonos - ou Ibiza - puissent en arriver au point d’exhiber un tel slogan.
Mais rien n’est perdu, car il se trouve que le processus de désalinisation a pour résultat de rejeter à la mer de grosses quantité de sel, et que le renouvellement du processus sur la durée peut avoir deux conséquences différentes mais toutes les deux positives. La première serait de transformer, par l’excès de sel, la Méditerranée en mer morte, et donc de résoudre ainsi la question du surtourisme. La seconde pourrait être que, grâce aux bains purificateurs dans une eau débordant d’iode, l’esprit revint aux crétins.