
D'après Jean-Pierre Graziani
Cette approche de la question est surprenante. La violence est, partout dans notre monde, omniprésente à des niveaux largement supérieurs à ce qu’ils sont en Corse, or nulle part on n’entend dire que telle ou telle culture serait intrinsèquement porteuse d’un gout plus prononcé qu’une autre pour la violence. Les taux d’homicides en Guyane, en Martinique, en Guadeloupe sont équivalents ou parfois supérieurs à ce qu’ils sont en Corse mais personne ne se risquerait à affirmer que la violence est enracinée dans la culture des peuples martiniquais, guadeloupéens ou guyanais. Les taux d’homicides aux États-Unis sont supérieurs à ce qu’ils sont chez nous, or nul ne généralise l’enracinement de cette violence dans la culture des habitants de ce grand pays.
Tout le monde sait que la question des armes d’une part et le rapport à l’Etat d’autre part y font débat. En fait, la Corse étant considérée en France comme « métropolitaine », rien ne pourrait expliquer aux yeux des français qu’elle puisse se distinguer de la sorte, sinon l’existence d’une particularité regrettable dans la nature ou dans le bagage culturel des habitants de cette île.
Mais puisque la question revient régulièrement sur le tapis, cherchons à comprendre ce qu’un trait culturel de cet ordre pourrait signifier. Pourquoi faudrait-il admettre ou au contraire dénoncer cette manière de présenter la question concernant notre île ?
Certaines manifestations de la violence apparaissent effectivement comme de véritables fléaux et le souci des citoyens serait d’en éradiquer l’existence. Pour entreprendre ce travail d’éradication, il serait utile de savoir d’où vient cette violence, quelles en sont les racines. S’il s’agit de dérives liées à des phénomènes de pauvreté, à de trop grandes inégalités, à des questions de gouvernance de la société, à des manquements dans l’éducation des individus… il faut évidemment s’attaquer à ces failles dans le fonctionnement de la société. S’il s’agit d’un phénomène culturellement enraciné dans la mentalité et le comportement des individus, l’entreprise est d’un autre niveau. Il faut alors s’attaquer sur le long terme à l’essence de l’être insulaire.
Après avoir été qualifié pendant des décennies d’essentiellement paresseux, l’être corse serait désormais vu comme essentiellement violent. Cela ne voudrait pas dire que tous les Corses le sont, cela voudrait dire que la propension à l’être serait considérablement plus élevée chez les Corses que chez d’autres individus dans le monde. Et cela voudrait dire que cette propension à être violent ne dépend pas de facteurs extérieurs à l’individu mais ferait partie de son bagage mental et philosophique.
Tout le monde sait que la question des armes d’une part et le rapport à l’Etat d’autre part y font débat. En fait, la Corse étant considérée en France comme « métropolitaine », rien ne pourrait expliquer aux yeux des français qu’elle puisse se distinguer de la sorte, sinon l’existence d’une particularité regrettable dans la nature ou dans le bagage culturel des habitants de cette île.
Mais puisque la question revient régulièrement sur le tapis, cherchons à comprendre ce qu’un trait culturel de cet ordre pourrait signifier. Pourquoi faudrait-il admettre ou au contraire dénoncer cette manière de présenter la question concernant notre île ?
Certaines manifestations de la violence apparaissent effectivement comme de véritables fléaux et le souci des citoyens serait d’en éradiquer l’existence. Pour entreprendre ce travail d’éradication, il serait utile de savoir d’où vient cette violence, quelles en sont les racines. S’il s’agit de dérives liées à des phénomènes de pauvreté, à de trop grandes inégalités, à des questions de gouvernance de la société, à des manquements dans l’éducation des individus… il faut évidemment s’attaquer à ces failles dans le fonctionnement de la société. S’il s’agit d’un phénomène culturellement enraciné dans la mentalité et le comportement des individus, l’entreprise est d’un autre niveau. Il faut alors s’attaquer sur le long terme à l’essence de l’être insulaire.
Après avoir été qualifié pendant des décennies d’essentiellement paresseux, l’être corse serait désormais vu comme essentiellement violent. Cela ne voudrait pas dire que tous les Corses le sont, cela voudrait dire que la propension à l’être serait considérablement plus élevée chez les Corses que chez d’autres individus dans le monde. Et cela voudrait dire que cette propension à être violent ne dépend pas de facteurs extérieurs à l’individu mais ferait partie de son bagage mental et philosophique.
La violence en société, un phénomène « universel »
Il n’est pas très difficile de voir, pour commencer, que toutes les sociétés humaines (humaines et animales), génèrent de la violence. Ces sociétés sont le lieu des passions, des jalousies, des envies, des trahisons, des solidarités, des antagonismes… Au fil de l’histoire, les humains ont tenté de gérer ces sentiments et ces pulsions et ont parfois réussi à le faire. Ils n’ont pas tenté d’éliminer ces sentiments et ces pulsions, cela serait impossible. Ils ont cherché à maitriser relativement les passions et les pulsions et pour cela se sont donné des règles, des lois, et des institutions.
La violence donc, est au cœur des formes de gestion sociales et sociétales. Certaines sociétés, en raison de leur positionnement géographique, du climat, de la nature des sols, des possibilités d’enrichissement… se sont dotées plus rapidement que d’autres d’institutions efficaces. Cela veut dire non pas que la violence aurait été éradiquée mais que l’État est devenu l’arbitre des violences et que pour exercer ce rôle d’arbitre il est seul investit de formes déclarées légitimes de la violence.
Dans ces sociétés, des poches considérables de misère pouvaient exister, certains quartiers des villes étaient de véritables coupes gorges, des bandits de grands chemins agissaient sur les routes, les nobles autrefois s’entretuaient en duels, les tribunaux prononçaient des condamnations et les citoyens se rendaient en « place de Grève » [1] pour voir infliger les pires supplices aux condamnés : la roue, le bucher, l’écartèlement, la pendaison, l’échafaud… La violence dans ces sociétés n’était et n’est toujours pas moindre ; elle est opposée aux criminels et en partie canalisée mais elle est épouvantable.
Il existe d’autres sociétés moins puissantes ou moins avancées dans l’organisation sociale, qui furent souvent l’objet d’agressions violentes de la part des Etats les plus puissants. La société corse fait partie de ces sociétés. Fernand Braudel explique comment les zones montagneuses de Méditerranée (l’Albanie, la Corse, la Kabylie, le Rif…) ont fortement résisté à l’occupation des Etats plus puissants : « la vie des bas pays et des villes pénètre mal dans ces mondes d’en haut »… « Le régime féodal, système politique, social, économique, instrument de justice, a laissé en dehors de ses mailles la plupart des zones montagneuses »… « Les pays de vendetta (tous pays de montagne, remarquons-le) sont ceux que le Moyen-Age n’a pas pétris, n’a pas pénétrés de ses idées de justice féodale : pays berbères, Corse ou Albanie, par exemple »…
Tout cela veut dire que les Etats puissants qui prétendaient asseoir leur souveraineté sur des pays conquis n’ont pas réussi à implanter leurs lois et le respect de leurs lois dans ces montagnes-là ou très imparfaitement. Mais cela ne veut pas dire que ces pays, rétifs au respect des lois qu’on veut leur imposer de l’extérieur, ont sur le long terme vécu dans des formes totalement périlleuses d’anarchie. Un autre ordre social et d’autres hiérarchies y ont petit à petit fait leur apparition.
En l’absence d’arbitre capable de s’imposer, des règles de vie admises par la communauté ont acquis force de loi. Pour les conflits les plus graves, la vendetta est malheureusement devenue un système de régulation théoriquement plus ou moins codifié. Les passions ont souvent pris le dessus et de véritables guerres entre particuliers ou entre familles ont éclaté. Face à l’enchainement des faits la nécessité de mettre fin à ces guerres est devenue impérative. C’est ainsi que l’existence d’individus capables de négocier avec toutes les parties et capables d’apaiser les conflits s’est naturellement manifestée. Ces individus furent, en Corse, appelés Paceri, en d’autres termes faiseurs de paix.
La violence des individus dans ces sociétés fut sans doute plus dévastatrice car elle était moins efficacement et moins rapidement maitrisée. Cela ne veut pas dire que les individus serait intrinsèquement et essentiellement plus violents. Cela veut dire que l’efficacité d’un système de régulation est aléatoire. Mais la violence est présente dans toutes les sociétés. Certains individus peuvent en venir à exploiter leur propre capacité de violence pour s’imposer face à leurs congénères, mais aucune société civile ne se satisfait de cette violence ni, donc, ne la cultive.
Certes, il existe des fonctions sociales ou des activités qui peuvent conduire à cultiver des formes de violence. C’est le cas des fonctions liées aux armées, des activités de la chasse ou encore certaines activités sportives. Il s’agit d’activités dont la pratique est liée à des formes de violence, mais dont la raison d’être n’est pas, à l’origine, la recherche de violence.
La violence donc, est au cœur des formes de gestion sociales et sociétales. Certaines sociétés, en raison de leur positionnement géographique, du climat, de la nature des sols, des possibilités d’enrichissement… se sont dotées plus rapidement que d’autres d’institutions efficaces. Cela veut dire non pas que la violence aurait été éradiquée mais que l’État est devenu l’arbitre des violences et que pour exercer ce rôle d’arbitre il est seul investit de formes déclarées légitimes de la violence.
Dans ces sociétés, des poches considérables de misère pouvaient exister, certains quartiers des villes étaient de véritables coupes gorges, des bandits de grands chemins agissaient sur les routes, les nobles autrefois s’entretuaient en duels, les tribunaux prononçaient des condamnations et les citoyens se rendaient en « place de Grève » [1] pour voir infliger les pires supplices aux condamnés : la roue, le bucher, l’écartèlement, la pendaison, l’échafaud… La violence dans ces sociétés n’était et n’est toujours pas moindre ; elle est opposée aux criminels et en partie canalisée mais elle est épouvantable.
Il existe d’autres sociétés moins puissantes ou moins avancées dans l’organisation sociale, qui furent souvent l’objet d’agressions violentes de la part des Etats les plus puissants. La société corse fait partie de ces sociétés. Fernand Braudel explique comment les zones montagneuses de Méditerranée (l’Albanie, la Corse, la Kabylie, le Rif…) ont fortement résisté à l’occupation des Etats plus puissants : « la vie des bas pays et des villes pénètre mal dans ces mondes d’en haut »… « Le régime féodal, système politique, social, économique, instrument de justice, a laissé en dehors de ses mailles la plupart des zones montagneuses »… « Les pays de vendetta (tous pays de montagne, remarquons-le) sont ceux que le Moyen-Age n’a pas pétris, n’a pas pénétrés de ses idées de justice féodale : pays berbères, Corse ou Albanie, par exemple »…
Tout cela veut dire que les Etats puissants qui prétendaient asseoir leur souveraineté sur des pays conquis n’ont pas réussi à implanter leurs lois et le respect de leurs lois dans ces montagnes-là ou très imparfaitement. Mais cela ne veut pas dire que ces pays, rétifs au respect des lois qu’on veut leur imposer de l’extérieur, ont sur le long terme vécu dans des formes totalement périlleuses d’anarchie. Un autre ordre social et d’autres hiérarchies y ont petit à petit fait leur apparition.
En l’absence d’arbitre capable de s’imposer, des règles de vie admises par la communauté ont acquis force de loi. Pour les conflits les plus graves, la vendetta est malheureusement devenue un système de régulation théoriquement plus ou moins codifié. Les passions ont souvent pris le dessus et de véritables guerres entre particuliers ou entre familles ont éclaté. Face à l’enchainement des faits la nécessité de mettre fin à ces guerres est devenue impérative. C’est ainsi que l’existence d’individus capables de négocier avec toutes les parties et capables d’apaiser les conflits s’est naturellement manifestée. Ces individus furent, en Corse, appelés Paceri, en d’autres termes faiseurs de paix.
La violence des individus dans ces sociétés fut sans doute plus dévastatrice car elle était moins efficacement et moins rapidement maitrisée. Cela ne veut pas dire que les individus serait intrinsèquement et essentiellement plus violents. Cela veut dire que l’efficacité d’un système de régulation est aléatoire. Mais la violence est présente dans toutes les sociétés. Certains individus peuvent en venir à exploiter leur propre capacité de violence pour s’imposer face à leurs congénères, mais aucune société civile ne se satisfait de cette violence ni, donc, ne la cultive.
Certes, il existe des fonctions sociales ou des activités qui peuvent conduire à cultiver des formes de violence. C’est le cas des fonctions liées aux armées, des activités de la chasse ou encore certaines activités sportives. Il s’agit d’activités dont la pratique est liée à des formes de violence, mais dont la raison d’être n’est pas, à l’origine, la recherche de violence.
[1] Place de l’hôtel de ville à Paris où l’on procédait aux exécutions du XIVe siècle au XIXe siècle
Le déficit de culture de l’Etat
Si ce que raconte Fernand Braudel est vrai, ce qui a pu devenir culturel dans une société comme la société corse, n’est donc pas le désir de violence mais la manière de gérer la violence. Il s’agit en d’autres termes du rapport ou non à un arbitre, c’est-à-dire à un État. L’individu dans certains types de société, rétives à l’existence de l’État arbitre, se considérait lui-même comme son propre protecteur et le protecteur de ses proches. Il n’était évidemment pas souverain au sens d’un État, mais il était au-delà du citoyen, détenteur en direct d’une partie des fonctions normalement dévolues à l’État. En l’absence d’arbitre il n’avait a priori confiance qu’en lui-même.
C’est cette conception du rapport à l’État et au souverain qui peut s’être, au fil des siècles, imprimé dans la mémoire culturelle. Et cela veut dire que pour lutter contre la propension des individus à passer à l’acte, à se faire justice, dans des pays comme la Corse, il fallait passer de la pratique du libre arbitre individuel à l’acceptation de l’arbitrage d’État. Il fallait donc convaincre les citoyens des avantages qu’il peut y avoir à le faire. Et il fallait créer les conditions d’une certaine confiance des citoyens à l’égard de cet État.
Lorsque Pascal Paoli tentait de créer une nouvelle culture, à savoir celle d’un État, il instaurait la mise en place de mesures d’une sévérité absolue en direction de ceux qui prétendraient encore se faire justice eux-mêmes. Le coupable pouvait être pendu, ses biens saisis et sa maison détruite.
Nul ne sait si Paoli serait, avec le temps, parvenu à éradiquer de la sorte les pratiques de vendetta. La victoire, à Ponte Novu, d’un souverain extérieur à l’île, a relégitimé la conception ou la mentalité en vigueur sous le règne de la république de Gênes. Plus tard, l’idéologie des Jacobins, les méthodes du général Morand, l’éloignement du pouvoir français sous la monarchie, sous le second empire puis sous la république, conduiront à perpétuer, plus ou moins selon les périodes, la défiance naturelle des insulaires montagnards à l’égard d’un pouvoir trop éloigné.
C’est cette conception du rapport à l’État et au souverain qui peut s’être, au fil des siècles, imprimé dans la mémoire culturelle. Et cela veut dire que pour lutter contre la propension des individus à passer à l’acte, à se faire justice, dans des pays comme la Corse, il fallait passer de la pratique du libre arbitre individuel à l’acceptation de l’arbitrage d’État. Il fallait donc convaincre les citoyens des avantages qu’il peut y avoir à le faire. Et il fallait créer les conditions d’une certaine confiance des citoyens à l’égard de cet État.
Lorsque Pascal Paoli tentait de créer une nouvelle culture, à savoir celle d’un État, il instaurait la mise en place de mesures d’une sévérité absolue en direction de ceux qui prétendraient encore se faire justice eux-mêmes. Le coupable pouvait être pendu, ses biens saisis et sa maison détruite.
Nul ne sait si Paoli serait, avec le temps, parvenu à éradiquer de la sorte les pratiques de vendetta. La victoire, à Ponte Novu, d’un souverain extérieur à l’île, a relégitimé la conception ou la mentalité en vigueur sous le règne de la république de Gênes. Plus tard, l’idéologie des Jacobins, les méthodes du général Morand, l’éloignement du pouvoir français sous la monarchie, sous le second empire puis sous la république, conduiront à perpétuer, plus ou moins selon les périodes, la défiance naturelle des insulaires montagnards à l’égard d’un pouvoir trop éloigné.
Des élus frileux face à la revendication d’accroissement des capacités répressives de l’État
Récemment, en voulant faire passer par la Corse des idées destinées à muscler en France et en Europe les pouvoirs de la police et de la justice, à conditionner la notion de présomption d’innocence, à relativiser dans certains cas les droits de la défense, les partisans de législations à l’italienne dans la lutte contre la mafia, ont probablement fait une erreur. Car il reste en Corse ce fond de méfiance essentielle à l’égard de l’État. L’État n’a jamais rien fait, n’a jamais rien su faire pour atténuer cette méfiance.
Dans les temps les plus récents, le souvenir de la fameuse cour de Sureté de l’État, le souvenir du recours aux barbouzes pour instaurer l’ordre d’un « œil pour œil et dent pour dent » face aux nationalistes, les dérapages du préfet Bonnet, l’idée curieuse brandie par le président Macron en 2018 selon laquelle il existerait en matière de justice des actes « qui ne se plaident pas », l’hommage discrètement rendu par la république au commandant Bertolini ancien chef des milices de FRANCIA qui ont agi en Corse, enfin l’assassinat en prison d’Yvan Colonna … rien de tout cela n’était de nature à redonner confiance dans la justice et dans l’État.
Dès lors, à la recherche normale d’un équilibre juste entre défense et accusation, à la volonté de préserver le principe du contradictoire dans les procès, s’ajoute en Corse une méfiance exacerbée à l’égard de l’État. Et les élus dans leur majorité hésitent à préconiser sans garanties l’accroissement notable des capacités répressives de cet État. Tout le monde est d’accord pour lutter contre les manifestations d’une violence spécifique détectable dans l’île, mais où a-t-on vu des citoyens massivement d’accord pour confier la tâche de pacifier leur société à un arbitre trop coutumier des dérapages ?
Dans les temps les plus récents, le souvenir de la fameuse cour de Sureté de l’État, le souvenir du recours aux barbouzes pour instaurer l’ordre d’un « œil pour œil et dent pour dent » face aux nationalistes, les dérapages du préfet Bonnet, l’idée curieuse brandie par le président Macron en 2018 selon laquelle il existerait en matière de justice des actes « qui ne se plaident pas », l’hommage discrètement rendu par la république au commandant Bertolini ancien chef des milices de FRANCIA qui ont agi en Corse, enfin l’assassinat en prison d’Yvan Colonna … rien de tout cela n’était de nature à redonner confiance dans la justice et dans l’État.
Dès lors, à la recherche normale d’un équilibre juste entre défense et accusation, à la volonté de préserver le principe du contradictoire dans les procès, s’ajoute en Corse une méfiance exacerbée à l’égard de l’État. Et les élus dans leur majorité hésitent à préconiser sans garanties l’accroissement notable des capacités répressives de cet État. Tout le monde est d’accord pour lutter contre les manifestations d’une violence spécifique détectable dans l’île, mais où a-t-on vu des citoyens massivement d’accord pour confier la tâche de pacifier leur société à un arbitre trop coutumier des dérapages ?