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Ghjustizia Paulina, un ricordu



À l’heure où les malfatte se multiplient et nous démoralisent, il nous a paru important de rappeler l’importance de la Ghjustizia Paolina dans l’édifice politique du Babbu di a Patria.
Dans sa Vie de Pascal Paoli paru en 1975, René Emmanuelli revient sur la rigueur déployée pour éradiquer la vendetta, fruit du « malgoverno » génois et de l’impunité qui régnait et exacerbait les haines.



Tonì Casalonga, Manière noire, 1974
Tonì Casalonga, Manière noire, 1974
Nous reprenons ici les chapitres XVI et XVII de la Vie de Pascal Paoli de René Emmanuelli, paru aux éditions Accademia di Vagabondi, 1975.


La partie de l’œuvre de Paoli qui fut la plus immédiatement populaire et polarisa longtemps la gratitude des corses, fut l’activité qu’il déploya pour assurer l’administration d’une justice exacte et impartiale.
C’était en effet dans ce domaine que les Corses avaient le plus à se plaindre de la domination génoise. Les dernières années de celle-ci avaient vu le nombre des homicides atteindre des chiffres inquiétants, à cause du développement tant des vengeances privées que d’un véritable brigandage. La justice de Gênes restait impuissante contre cette situation, faute de moyens matériels suffisants et faute de magistrats énergiques et honnêtes. Depuis 1730 l’anarchie générale n’avait fait qu’augmenter le mal.
L’organisation judiciaire instaurée par le gouvernement national eut d’abord le mérite de la simplicité. Dans chaque communauté les petits litiges civils étaient jugés par le podestat, seul ou assisté par deux « pères de la commune » selon l’importance de l’intérêt en jeu. Dans chaque province fonctionnait, juge de droit commun, un tribunal de trois membres, complété de cinq jurés pour le jugement des causes criminelles. Enfin, au niveau de l’appel, pour l’île entière, siégeait une ROTA de trois magistrats inamovibles, les seuls dont il était exigé qu’ils fussent diplômés en droit, bon sens, équité naturelle et connaissance des problèmes locaux pouvant suffire aux autres.

Cependant Paoli fait porter l’essentiel de son effort sur la prévention de la criminalité par la réconciliation des familles en état d’inimitié. Mais si la raison, les appels au patriotisme sont restés vains, il entend que le châtiment soit inexorable : « Il faut exterminer les bandits et rompre les ligues de leurs parents : c’est la rigueur qui convient d’abord ». Et sans acception de personnes.
La tradition veut que le premier condamné à mort de son généralat ait été un de ses propres cousins, et qu’il ait refusé de le gracier. On raconte encore que le père d’un meurtrier vint lui offrir, pour que celui-ci fut épargné, mille sequins d’or et l’entretien à ses frais de cinquante miliciens ; Paoli répondit qu’il l’accorderait si le requérant était prêt à déclarer publiquement que la mesure sollicitée était conforme à l’intérêt et à l’honneur de la patrie : l’autre se troubla, finit par murmurer que sa conscience ne le lui permettait pas, et la justice suivit son cours.
C’est ainsi que la JUSTICE PAOLINE devait s’acquérir le renom de rapidité et de sévérité équitable qu’elle conserve encore. Utilisant en outre, en cas opportun, des pénalités courantes à l’époque, confiscation des biens, démolition de la maison, elle fut tellement efficace que le nombre de homicides par inimitié tomba à deux par an.



 
Jeudi 1 Mai 2025
René Emmanuelli


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