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Mutazione

Transformations, bouleversements, changements... Nous vivons assurément une période de transition. Comment s'y tenir, comment s'y comporter, comment s'y orienter ? Relisons Alessandro Baricco et son essai sur la mutation, en version originale ou dans la traduction qu'on donne Tonì Casalonga.



German "Caterpillar Calendar" (1837)
German "Caterpillar Calendar" (1837)
Non c’è mutazione che non sia governabile. Abbandonare il paradigma dello scontro di civiltà e accetare l’idea di una mutazione in atto non significa che si debba prendere quel che accade com’è, senza lasciarci l’orma del nostro passo. Quel che diventeremo continua a essere figlio di ciò che noi vogliamo diventare. Così diventa importante la cura quotidiana, l’attenzione, il vigilare. Tanto inutile e grottesco è il restare impettito di tante muraglie avvitate sù un confine che non esiste, quanto utile sarebbe piuttosto un intelligente navigare nella corrente, capace ancora di rotta, e di sapienza marinara. Non è il caso di andare giù come sacchi di patate. Navigare, sarebbe il compito. Detto in termini elementari, credo che si tratta di essere capace di decidere che cosa, nel mondo vecchio, vogliamo portare fino al mondo nuovo. Cosa vogliamo che si mantenga intatto pur nel’incertezza di un viaggio oscuro. I legami che non vogliamo spezzare, le radici che non vogliamo perdere, le parole che voremmo ancora pronunciare, e l’idee che non vogliamo smettere di pensare. E un lavoro rafinato. Una cura. Nella grande corrente, mettere in salvo cio che ci è caro. E un gesto difficile perchè non significa, mai, mettere in salvo dalla mutazione, ma, sempre, nella mutazione. Perchè cio che si salverà non sarà mai quel che abbiamo tenuto al riparo dei tempi, ma ciò che abbiamo lasciato mutare, perchè ridiventasse se stesso in un tempo nuovo.
 
Alessandro Baricco
I Barbari, saggio sulla mutazione , Fandango libri, Roma, 2006
 

Mutation

Il n’y a pas de mutation qui ne soit gouvernable. Abandonner le paradigme du choc des civilisations ne signifie pas que l’on doive accepter ce qui arrive en l’état, sans y laisser la trace de notre pas. Ce que nous deviendrons continue d’être enfanté par ce que nous voulons devenir. Ainsi, le soin quotidien, l’attention, la veille deviennent importants. Autant il est inutile et grotesque de continuer à bomber le torse derrière les nombreuses murailles dressées sur des frontières inexistantes, autant une intelligente navigation dans le courant, une capacité encore intacte de voyages et de savoirs marins seraient utiles. Car il ne s’agit pas de couler comme un sac de pommes de terre. Naviguer, voilà le devoir. Dit en termes simples, je crois qu’il s’agit d’être capable de décider ce que nous voulons transporter de l’ancien monde jusqu’au monde nouveau. De décider ce que nous voulons maintenir intact jusque dans l’incertitude d’un voyage obscur. De décider des liens nous ne voulons pas rompre, des racines que nous ne voulons pas perdre, des paroles que nous voudrions encore prononcer, et des idées auxquelles nous ne voulons pas cesser de penser. C’est un travail raffiné. Un soin. Dans le grand courant, sauver ce qui nous est cher. C’est un geste difficile parce qu’il ne signifie pas sauver de la mutation mais, toujours, dans la mutation. Parce que ce qui se sauvera ne sera jamais ce que nous aurons tenu à l’abri des temps, mais ce que nous avons laissé muter pour qu’il redevienne lui-même dans un temps nouveau.

Traduction de Tonì Casalonga
Samedi 27 Mars 2021
Tonì Casalonga


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