La visite du Pape François en Corse à Aiacciu à la mi-décembre, a été suivie dans le monde entier et a été largement commentée à travers de très nombreux aspects. Elle s’est de plus inscrite dans un contexte politique pour le moins tendu. En effet, alors que le Pape refusa de se rendre à l’inauguration de la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame, à l’invitation du président Emmanuel Macron, évènement planétaire, il se rendit pourtant en Corse une semaine plus tard afin d’y clôturer un congrès portant sur la religiosité populaire en Méditerranée et afin d’y célébrer une messe en plein air.
Quel ne fut pas l’accueil à Aiacciu où dans une immense ferveur et liesse populaires, soulignées par le Pape lui-même, des dizaines de milliers de personnes accompagnèrent sa déambulation jusqu’à la célébration finale de la messe. Mais tel n’est pas ici le sujet de notre contribution. En effet, il s’agit pour nous de proposer une analyse sociolinguistique de cette journée papale en terre corse tant elle nous apparaît riche d’enseignements et révélatrice des évolutions complexes liées au plurilinguisme en présence et des rapports de force entre les langues.
La Corse nous est apparue ainsi comme un laboratoire vivant des enjeux du plurilinguisme et de la revitalisation linguistique. Cet article explore comment cette visite pontificale met en lumière les dynamiques sociolinguistiques de l’île et leurs implications pour un projet de société.
Quel ne fut pas l’accueil à Aiacciu où dans une immense ferveur et liesse populaires, soulignées par le Pape lui-même, des dizaines de milliers de personnes accompagnèrent sa déambulation jusqu’à la célébration finale de la messe. Mais tel n’est pas ici le sujet de notre contribution. En effet, il s’agit pour nous de proposer une analyse sociolinguistique de cette journée papale en terre corse tant elle nous apparaît riche d’enseignements et révélatrice des évolutions complexes liées au plurilinguisme en présence et des rapports de force entre les langues.
La Corse nous est apparue ainsi comme un laboratoire vivant des enjeux du plurilinguisme et de la revitalisation linguistique. Cet article explore comment cette visite pontificale met en lumière les dynamiques sociolinguistiques de l’île et leurs implications pour un projet de société.
La France et le monolinguisme d'Etat
Dans un contexte diplomatique crispé entre le Vatican et la France, rappelons quelques éléments essentiels afin d’aborder convenablement notre sujet :
D’une part, la France symbolise peut-être plus que tout autre État-nation dans le monde, l’idéologie du monolinguisme. Depuis plus de deux siècles, elle a favorisé un usage hégémonique du français tout en combattant avec vigueur l’usage des langues dites « régionales », reléguées au rang de vulgaires « patois » qu’il fallait « anéantir » pour reprendre la prose de la Terreur au XVIIIe siècle. Cela s’est traduit d’un point de vue constitutionnel par la modification en 1992 de l’article 2 qui dispose depuis que « La langue de la République est le français ».
D’autre part, la langue principale d’expression publique du Pape François (Argentin) est l’italien conformément à l’usage au Vatican. Enfin, en Corse, subsiste malgré le rouleau compresseur de la francisation, une langue sédimentée dans plusieurs siècles d’Histoire, langue usuelle et ultra-majoritaire des Corses jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et dont l’usage et la transmission sont aujourd’hui en déclin très marqué malgré une vive revendication concernant son développement et sa reconnaissance. Cela s’est traduit, par exemple, par de nombreux votes en faveur de la langue corse à l’Assemblée de Corse, notamment celui de 2013 en faveur d’un statut de coofficialité du corse, statut auquel l’État français s’est toujours fermement opposé.
Cette opposition dépasse le seul cadre d’un statut de coofficialité puisque, à titre illustratif, quelques jours avant la visite du Pape, la Cour administrative d’appel de Marseille a rendu son jugement invalidant le règlement intérieur de l’Assemblée de Corse, pourtant voté à l’unanimité, et du Conseil exécutif de Corse, lesquels consacrent l’emploi du corse et du français dans leurs débats publics avec un service de traduction simultanée, confirmant ainsi le jugement de mars 2023 du Tribunal administratif de Bastia.
Cet arrêt de la Cour administrative d’appel a déclenché une vague de protestation importante sur l’île, notamment de la part des lycéens et étudiants avec un blocage des établissements scolaires et des manifestations dans toute la Corse. À tel point que l’évêque de Corse, le cardinal Bustillo, après plusieurs jours de contestation, a diffusé un communiqué demandant instamment aux jeunes de cesser leurs manifestations afin de ne pas entraver la venue du Pape, tout en reconnaissant la légitimité de la défense des langues. Les organisations lycéennes et syndicales ont accueilli favorablement la demande du cardinal qui reçut par ailleurs une délégation de jeunes contestataires à qui il déclara devant les médias :
Journaliste : Vous comprenez leur combat pour la langue, leur mobilisation ?
Cardinal François Bustillo : Une langue est toujours une richesse. Une langue n’est jamais un obstacle, c’est une richesse. Donc quand on a, on connaît et on parle une langue, c’est une bénédiction […]
Journaliste : La langue c’est une richesse, la disparition d’une langue ?
Cardinal François Bustillo : Un drame, toujours. Le but de la vie n’est pas de faire disparaître une langue. Quand on a une langue, quand on possède une langue, on possède une richesse. Cela fait partie du patrimoine culturel, spirituel, donc c’est une bénédiction »
(6 décembre 2024 devant différents médias à la sortie d’une réunion avec une délégation de jeunes mobilisés dans les manifestations en faveur de la langue corse).
D’une part, la France symbolise peut-être plus que tout autre État-nation dans le monde, l’idéologie du monolinguisme. Depuis plus de deux siècles, elle a favorisé un usage hégémonique du français tout en combattant avec vigueur l’usage des langues dites « régionales », reléguées au rang de vulgaires « patois » qu’il fallait « anéantir » pour reprendre la prose de la Terreur au XVIIIe siècle. Cela s’est traduit d’un point de vue constitutionnel par la modification en 1992 de l’article 2 qui dispose depuis que « La langue de la République est le français ».
D’autre part, la langue principale d’expression publique du Pape François (Argentin) est l’italien conformément à l’usage au Vatican. Enfin, en Corse, subsiste malgré le rouleau compresseur de la francisation, une langue sédimentée dans plusieurs siècles d’Histoire, langue usuelle et ultra-majoritaire des Corses jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et dont l’usage et la transmission sont aujourd’hui en déclin très marqué malgré une vive revendication concernant son développement et sa reconnaissance. Cela s’est traduit, par exemple, par de nombreux votes en faveur de la langue corse à l’Assemblée de Corse, notamment celui de 2013 en faveur d’un statut de coofficialité du corse, statut auquel l’État français s’est toujours fermement opposé.
Cette opposition dépasse le seul cadre d’un statut de coofficialité puisque, à titre illustratif, quelques jours avant la visite du Pape, la Cour administrative d’appel de Marseille a rendu son jugement invalidant le règlement intérieur de l’Assemblée de Corse, pourtant voté à l’unanimité, et du Conseil exécutif de Corse, lesquels consacrent l’emploi du corse et du français dans leurs débats publics avec un service de traduction simultanée, confirmant ainsi le jugement de mars 2023 du Tribunal administratif de Bastia.
Cet arrêt de la Cour administrative d’appel a déclenché une vague de protestation importante sur l’île, notamment de la part des lycéens et étudiants avec un blocage des établissements scolaires et des manifestations dans toute la Corse. À tel point que l’évêque de Corse, le cardinal Bustillo, après plusieurs jours de contestation, a diffusé un communiqué demandant instamment aux jeunes de cesser leurs manifestations afin de ne pas entraver la venue du Pape, tout en reconnaissant la légitimité de la défense des langues. Les organisations lycéennes et syndicales ont accueilli favorablement la demande du cardinal qui reçut par ailleurs une délégation de jeunes contestataires à qui il déclara devant les médias :
Journaliste : Vous comprenez leur combat pour la langue, leur mobilisation ?
Cardinal François Bustillo : Une langue est toujours une richesse. Une langue n’est jamais un obstacle, c’est une richesse. Donc quand on a, on connaît et on parle une langue, c’est une bénédiction […]
Journaliste : La langue c’est une richesse, la disparition d’une langue ?
Cardinal François Bustillo : Un drame, toujours. Le but de la vie n’est pas de faire disparaître une langue. Quand on a une langue, quand on possède une langue, on possède une richesse. Cela fait partie du patrimoine culturel, spirituel, donc c’est une bénédiction »
(6 décembre 2024 devant différents médias à la sortie d’une réunion avec une délégation de jeunes mobilisés dans les manifestations en faveur de la langue corse).
Eglise et plurilinguisme
Pourtant le plurilinguisme n’a pas toujours été accueilli paisiblement par la religion. Bien au contraire ! Ainsi, tel que nous l’écrivions dans notre ouvrage Pour une reconnaissance politique des langues, le plurilinguisme a été considéré comme une punition divine à travers le mythe de la Tour de Babel que l’on trouve dans le livre de la Genèse, récit des origines, premier livre de la Bible, fondamental pour le judaïsme et le christianisme.
Que nous dit le mythe de Babel ? Ainsi, les hommes, qui avaient tous la même langue, décidèrent de construire une gigantesque tour dont la cime atteindrait le ciel. Mais Dieu répondit à cette outrecuidance en éparpillant les hommes sur la terre et en multipliant les langues (Genèse 11).
Partant de ce mythe mentionné dans la Bible, une idée opiniâtre a pris corps : celle que le plurilinguisme était le résultat d’une vengeance divine, un malheur décidé par Dieu et qu’a contrario, la situation la plus juste, le fameux état d’avant la punition, était le monolinguisme. Même si cela a été quelque peu oublié ou occulté, l’idéologie monolinguiste trouve néanmoins son origine également dans ce mythe.
Au-delà de l’appel du cardinal Bustillo à l’apaisement et à la cessation des manifestations contestataires, on peut déduire des propos de l’évêque de Corse qu’il légitime la revendication et la préoccupation des jeunes, bien loin du mythe de Babel et de la punition divine.
C’est donc dans un contexte de « guerre des langues » pour reprendre le titre du fameux livre de Louis-Jean Calvet que cette visite papale allait se dérouler. Or, les choses ont manifestement évolué, et nous voudrions analyser quelques signes qui nous conduisent à évoquer cette visite non plus sous le signe de la « guerre des langues » mais bien au contraire à travers ce que l’on pourrait désormais appeler la « paix des langues ».
Comment la caractériser ? Il s’agit simplement de la manifestation d’un plurilinguisme que l’on pourrait qualifier d’ordinaire, dans la mesure où celui-ci n’est contesté d’aucune manière, qu’elle soit juridique, au niveau des discours, des attitudes, d’un point de vue individuel ou collectif…. Un plurilinguisme ordinaire ne semble donc pas souffrir d’une remise en cause particulière.
Débutons par le « slogan » officiel qui a accompagné toute la communication ayant précédé la venue du pape et que l’on retrouvait sur tous les visuels, dans les rues ou sur la communication officielle : « Papa Francescu in Corsica ». La langue corse comme moteur principal de communication.
Certes, la place qui lui est accordée dans la répartition visuelle et discursive est souvent ciblée et reléguée à la partie du titre ou du symbole, phénomène que nous avons qualifié par ailleurs d’« encadrement symbolique » (Les Paradoxes de la domination linguistique). Pour autant, cette journée historique allait être rythmée linguistiquement par ce slogan que l’on allait retrouver un peu partout en Corse.
Un autre mot a accompagné toute cette journée papale et flottait sur le fronton du toit du chapiteau de la messe donnée en plein air : « A Pace », la paix en corse (très proche de l’italien, langue du Vatican : « La Pace »). Ainsi écrit en corse, des millions de gens à travers le monde ont pu constater qu’à défaut d’être ressuscitée, la langue corse était encore là, vivante à sa manière. Personne ne s’en est offusqué vis-à-vis du français. Étrange vitalité (au moins visuelle à la face du monde) pour une langue toujours annoncée comme subalterne et en passe de trépasser.
Dans la continuité de cette « Pace », nous avons pu constater, à peine le pape foulait le tarmac de l’aéroport d’Aiacciu, que les écrits brandis par les milliers de personnes venues l’accueillir au bord de la route tout au long de sa déambulation durant la journée ou aux balcons, étaient très majoritairement rédigés en langue corse. Ainsi, pouvait-on lire de très nombreux « Benvinutu », « Evviva Papa Francescu ».
L’un des messages sans doute les plus marquants a été celui de la doyenne de la ville (peut-être même doyenne de la Corse). Ainsi, une dame de 108 ans, en fauteuil roulant, attendait patiemment le pape à l’un de ses arrêts programmés afin d’être bénie. Elle tenait avec piété entre les mains un panneau sur lequel était écrit : « Bonavinuta. 108 anni. A più anziana d’Ajacciu ».
Cette dame et son écrit, au-delà de l’émotion qu’ils suscitèrent – d’autant plus que la scène, comme toute la journée, étaient retransmises en direct sur plusieurs chaînes de télévision dans le monde – allaient marquer incontestablement cette journée par le sceau du plurilinguisme et de l’intercompréhension. On pourra éventuellement d’un point de vue purement linguistique évoquer le « Bonavinuta » ou discuter de l’orthographe « Ajacciu » avec le « j », orthographe abandonnée il y a déjà plusieurs décennies au profit de « Aiacciu » mais telle n’est pas la question. Ce que l’intention linguistique nous dit, c’est bien l’intercompréhension totale entre le corse et l’italien, langue papale. Ce point de l’intercompréhension entre les deux langues, est peut-être l’un des aspects langagiers les plus marquants de la journée : il a permis un rapprochement total entre les Corses et l’une des plus grandes autorités religieuses au monde.
Que nous dit le mythe de Babel ? Ainsi, les hommes, qui avaient tous la même langue, décidèrent de construire une gigantesque tour dont la cime atteindrait le ciel. Mais Dieu répondit à cette outrecuidance en éparpillant les hommes sur la terre et en multipliant les langues (Genèse 11).
Partant de ce mythe mentionné dans la Bible, une idée opiniâtre a pris corps : celle que le plurilinguisme était le résultat d’une vengeance divine, un malheur décidé par Dieu et qu’a contrario, la situation la plus juste, le fameux état d’avant la punition, était le monolinguisme. Même si cela a été quelque peu oublié ou occulté, l’idéologie monolinguiste trouve néanmoins son origine également dans ce mythe.
Au-delà de l’appel du cardinal Bustillo à l’apaisement et à la cessation des manifestations contestataires, on peut déduire des propos de l’évêque de Corse qu’il légitime la revendication et la préoccupation des jeunes, bien loin du mythe de Babel et de la punition divine.
C’est donc dans un contexte de « guerre des langues » pour reprendre le titre du fameux livre de Louis-Jean Calvet que cette visite papale allait se dérouler. Or, les choses ont manifestement évolué, et nous voudrions analyser quelques signes qui nous conduisent à évoquer cette visite non plus sous le signe de la « guerre des langues » mais bien au contraire à travers ce que l’on pourrait désormais appeler la « paix des langues ».
Comment la caractériser ? Il s’agit simplement de la manifestation d’un plurilinguisme que l’on pourrait qualifier d’ordinaire, dans la mesure où celui-ci n’est contesté d’aucune manière, qu’elle soit juridique, au niveau des discours, des attitudes, d’un point de vue individuel ou collectif…. Un plurilinguisme ordinaire ne semble donc pas souffrir d’une remise en cause particulière.
Débutons par le « slogan » officiel qui a accompagné toute la communication ayant précédé la venue du pape et que l’on retrouvait sur tous les visuels, dans les rues ou sur la communication officielle : « Papa Francescu in Corsica ». La langue corse comme moteur principal de communication.
Certes, la place qui lui est accordée dans la répartition visuelle et discursive est souvent ciblée et reléguée à la partie du titre ou du symbole, phénomène que nous avons qualifié par ailleurs d’« encadrement symbolique » (Les Paradoxes de la domination linguistique). Pour autant, cette journée historique allait être rythmée linguistiquement par ce slogan que l’on allait retrouver un peu partout en Corse.
Un autre mot a accompagné toute cette journée papale et flottait sur le fronton du toit du chapiteau de la messe donnée en plein air : « A Pace », la paix en corse (très proche de l’italien, langue du Vatican : « La Pace »). Ainsi écrit en corse, des millions de gens à travers le monde ont pu constater qu’à défaut d’être ressuscitée, la langue corse était encore là, vivante à sa manière. Personne ne s’en est offusqué vis-à-vis du français. Étrange vitalité (au moins visuelle à la face du monde) pour une langue toujours annoncée comme subalterne et en passe de trépasser.
Dans la continuité de cette « Pace », nous avons pu constater, à peine le pape foulait le tarmac de l’aéroport d’Aiacciu, que les écrits brandis par les milliers de personnes venues l’accueillir au bord de la route tout au long de sa déambulation durant la journée ou aux balcons, étaient très majoritairement rédigés en langue corse. Ainsi, pouvait-on lire de très nombreux « Benvinutu », « Evviva Papa Francescu ».
L’un des messages sans doute les plus marquants a été celui de la doyenne de la ville (peut-être même doyenne de la Corse). Ainsi, une dame de 108 ans, en fauteuil roulant, attendait patiemment le pape à l’un de ses arrêts programmés afin d’être bénie. Elle tenait avec piété entre les mains un panneau sur lequel était écrit : « Bonavinuta. 108 anni. A più anziana d’Ajacciu ».
Cette dame et son écrit, au-delà de l’émotion qu’ils suscitèrent – d’autant plus que la scène, comme toute la journée, étaient retransmises en direct sur plusieurs chaînes de télévision dans le monde – allaient marquer incontestablement cette journée par le sceau du plurilinguisme et de l’intercompréhension. On pourra éventuellement d’un point de vue purement linguistique évoquer le « Bonavinuta » ou discuter de l’orthographe « Ajacciu » avec le « j », orthographe abandonnée il y a déjà plusieurs décennies au profit de « Aiacciu » mais telle n’est pas la question. Ce que l’intention linguistique nous dit, c’est bien l’intercompréhension totale entre le corse et l’italien, langue papale. Ce point de l’intercompréhension entre les deux langues, est peut-être l’un des aspects langagiers les plus marquants de la journée : il a permis un rapprochement total entre les Corses et l’une des plus grandes autorités religieuses au monde.

Traduire ou ne pas traduire : that is the question
Dans le prolongement de la remarque précédente, nous pouvons évoquer trois prises de parole du Pape qui nous invitent à poser la question de la traduction : la première en clôture du congrès sur la religiosité populaire en Méditerranée, la seconde au cours de la prière de l'Angélus en la cathédrale Santa Maria Assunta d’Aiacciu et enfin, la dernière, durant la messe célébrée en plein air en fin de journée.
Ces trois interventions du pape ont pour point commun d’avoir été réalisées en italien. Or, le choix des organisateurs (l’Église de Corse), notamment pour le congrès, a été de ne pas faire traduire la parole du pape ni de fournir un service audio de traduction. Ainsi s’est-il exprimé en italien devant des centaines de personnes au congrès sans que la question de la réception ne soit explicitement posée. Tandis que le cardinal Bustillo, dans le même congrès, s’exprimait quant à lui, en français.
L’intervention du pape était retransmise sur plusieurs chaînes de télévision. Intéressons-nous à la chaîne France 3 Corse Via Stella, antenne régionale du groupe France Télévision qui a suivi toute la visite. La chaîne a, par exemple, fait le choix de traduire en direct en français l’intervention du Pape. Il en a été de même concernant la seconde prise de parole suite à la prière de l’Angélus prononcée à la cathédrale d’Aiacciu. France 3 Corse fit de nouveau le choix de la traduction simultanée.
En revanche, au cours de la grande messe populaire célébrée en public devant des milliers de personnes, le Pape a pris la parole à plusieurs reprises. Ainsi, ses premiers mots, en ouverture de cette célébration, ont été prononcés en français. Puis au cours de la messe, il s’est exprimé en italien. Cette fois, France 3 Corse Via Stella n’a pas traduit ses interventions. En outre, le public était très réceptif aux paroles du pape et le manifestait par des applaudissements ou des cris de joie qui venaient renforcer le sentiment général d’intercompréhension totale en Corse.
Avant d’évoquer plus précisément le déroulé de cette messe, nous voudrions souligner l’approche plurilingue de la communication officielle du Vatican et du Pape sur internet et les réseaux sociaux. Ainsi, le site du Vatican a aussitôt mis en ligne le discours du pape prononcé lors du congrès, puis celui au cours de la prière de l’Angélus. Les deux discours sont proposés dans huit langues différentes.
Ces trois interventions du pape ont pour point commun d’avoir été réalisées en italien. Or, le choix des organisateurs (l’Église de Corse), notamment pour le congrès, a été de ne pas faire traduire la parole du pape ni de fournir un service audio de traduction. Ainsi s’est-il exprimé en italien devant des centaines de personnes au congrès sans que la question de la réception ne soit explicitement posée. Tandis que le cardinal Bustillo, dans le même congrès, s’exprimait quant à lui, en français.
L’intervention du pape était retransmise sur plusieurs chaînes de télévision. Intéressons-nous à la chaîne France 3 Corse Via Stella, antenne régionale du groupe France Télévision qui a suivi toute la visite. La chaîne a, par exemple, fait le choix de traduire en direct en français l’intervention du Pape. Il en a été de même concernant la seconde prise de parole suite à la prière de l’Angélus prononcée à la cathédrale d’Aiacciu. France 3 Corse fit de nouveau le choix de la traduction simultanée.
En revanche, au cours de la grande messe populaire célébrée en public devant des milliers de personnes, le Pape a pris la parole à plusieurs reprises. Ainsi, ses premiers mots, en ouverture de cette célébration, ont été prononcés en français. Puis au cours de la messe, il s’est exprimé en italien. Cette fois, France 3 Corse Via Stella n’a pas traduit ses interventions. En outre, le public était très réceptif aux paroles du pape et le manifestait par des applaudissements ou des cris de joie qui venaient renforcer le sentiment général d’intercompréhension totale en Corse.
Avant d’évoquer plus précisément le déroulé de cette messe, nous voudrions souligner l’approche plurilingue de la communication officielle du Vatican et du Pape sur internet et les réseaux sociaux. Ainsi, le site du Vatican a aussitôt mis en ligne le discours du pape prononcé lors du congrès, puis celui au cours de la prière de l’Angélus. Les deux discours sont proposés dans huit langues différentes.
De même, après une observation de la communication du pape sur ses réseaux sociaux, on prend vite la mesure de la dimension plurilingue de cette communication. À titre illustratif, voici le texte de deux posts du Pape publiés le 15 décembre, jour de la visite, sur le réseau Instagram. Ces publications accompagnaient plusieurs photographies.

Une messe pour faire la paix des langues
Venons-en à présent à l’observation linguistique de la grande messe donnée en plein air et retransmise dans le monde entier.
Lorsque le pape pénètre sur la place du Casone où va être célébrée la messe, nous pouvons entendre régulièrement venant de la foule des « Evviva » « Evviva u nosciu papa » (vive notre pape). Comme tout au long de la journée, la langue corse a donc été au cœur de l’expression plurilingue. Dans la mesure où cette journée a été abordée et poursuivie sous le signe du plurilinguisme, la langue corse semble y avoir trouvé sa place dans le concert parfois tonitruant à l’échelle mondiale des « grandes » langues stato-nationales.
L’expression de cette identité s’est faite aussi à travers les milliers de drapeaux corses tout au long de la journée qui ont jalonné le parcours du pape et ont été agités pendant toute la messe finale. Point de bleu-blanc-rouge, pas un seul drapeau français de toute la journée. Sans doute que ce jour-là, au moment où les Corses, croyants ou non, accueillaient et rentraient en communion avec le Pape, avaient-ils besoin de l’exprimer ainsi, paisiblement.
C’est dans ce contexte populaire que le Pape va s’exprimer publiquement au cours de la messe, pour la première fois semble-t-il de la journée aussi longuement, autrement qu’en italien. Il débute en effet la cérémonie en français. Ce que ne manquera pas de souligner la presse continentale avec, par exemple, cette publication du journal Le Figaro le jour même de la visite :
Lorsque le pape pénètre sur la place du Casone où va être célébrée la messe, nous pouvons entendre régulièrement venant de la foule des « Evviva » « Evviva u nosciu papa » (vive notre pape). Comme tout au long de la journée, la langue corse a donc été au cœur de l’expression plurilingue. Dans la mesure où cette journée a été abordée et poursuivie sous le signe du plurilinguisme, la langue corse semble y avoir trouvé sa place dans le concert parfois tonitruant à l’échelle mondiale des « grandes » langues stato-nationales.
L’expression de cette identité s’est faite aussi à travers les milliers de drapeaux corses tout au long de la journée qui ont jalonné le parcours du pape et ont été agités pendant toute la messe finale. Point de bleu-blanc-rouge, pas un seul drapeau français de toute la journée. Sans doute que ce jour-là, au moment où les Corses, croyants ou non, accueillaient et rentraient en communion avec le Pape, avaient-ils besoin de l’exprimer ainsi, paisiblement.
C’est dans ce contexte populaire que le Pape va s’exprimer publiquement au cours de la messe, pour la première fois semble-t-il de la journée aussi longuement, autrement qu’en italien. Il débute en effet la cérémonie en français. Ce que ne manquera pas de souligner la presse continentale avec, par exemple, cette publication du journal Le Figaro le jour même de la visite :

Tout au long de la messe, des chants polyphoniques corses ont accompagné la célébration. La langue de la majorité de ces chants est le latin. La pratique est courante en Corse. Néanmoins, l’un d’entre eux est entièrement en langue corse et plus récent. Il s’agit du « Credu » composé par Jean-Paul Poletti. Il sera entonné à la fin de la messe. D’autres chants en français ponctueront également la célébration.
L’un des moments peut-être les plus remarquables d’un point de vue de l’expression du plurilinguisme, est selon nous lorsque la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a été appelée à venir prononcer « la parole de Dieu » à travers la première lecture tirée du livre de Sophonie. La présidente de l’Assemblée de Corse lit alors, à la face du monde, la « parole de Dieu » entièrement en langue corse.
S’il eût fallu une manifestation non pas divine mais sociale, politique et médiatique de l’existence de cette langue, il n’eut a priori plus bel exemple et plus grande audience. Outre la portée mondiale de cette messe, figure au premier rang de l’assistance, toute la représentation politique insulaire et des membres importants de l’État et du gouvernement français, notamment le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Suite à cela, il y aura d’autres prises de parole et chants puis une longue homélie du pape entièrement en italien et alternativement des prises de parole en français et en corse par des confrères ou consœurs. Le pape reprendra brièvement la parole en français. Ensuite, le cardinal Bustillo réalisera l’eucharistie en français.
En fin de messe, le cardinal Bustillo adressera en français de vifs remerciements au Saint-Père avant que celui-ci ne reprenne une dernière fois la parole en italien puis en français.
La messe se termina par l’hymne corse (texte en italien en l’honneur de la Vierge Marie), chanté par les milliers de personnes présentes. Quatre langues ont donc été mobilisés alternativement : latin, italien, français et corse sans que cela ne semble poser de problème outre mesure.
L’un des moments peut-être les plus remarquables d’un point de vue de l’expression du plurilinguisme, est selon nous lorsque la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a été appelée à venir prononcer « la parole de Dieu » à travers la première lecture tirée du livre de Sophonie. La présidente de l’Assemblée de Corse lit alors, à la face du monde, la « parole de Dieu » entièrement en langue corse.
S’il eût fallu une manifestation non pas divine mais sociale, politique et médiatique de l’existence de cette langue, il n’eut a priori plus bel exemple et plus grande audience. Outre la portée mondiale de cette messe, figure au premier rang de l’assistance, toute la représentation politique insulaire et des membres importants de l’État et du gouvernement français, notamment le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Suite à cela, il y aura d’autres prises de parole et chants puis une longue homélie du pape entièrement en italien et alternativement des prises de parole en français et en corse par des confrères ou consœurs. Le pape reprendra brièvement la parole en français. Ensuite, le cardinal Bustillo réalisera l’eucharistie en français.
En fin de messe, le cardinal Bustillo adressera en français de vifs remerciements au Saint-Père avant que celui-ci ne reprenne une dernière fois la parole en italien puis en français.
La messe se termina par l’hymne corse (texte en italien en l’honneur de la Vierge Marie), chanté par les milliers de personnes présentes. Quatre langues ont donc été mobilisés alternativement : latin, italien, français et corse sans que cela ne semble poser de problème outre mesure.
Quelques suites sociolinguistiques de cette visite
Le lendemain de la visite papale, de manière relativement exceptionnelle, le Corse-Matin, unique quotidien de l’île, titrait « Grazie papa Francescu ». Cela peut sembler anodin mais le fait est suffisamment rare d’un point de vue éditorial concernant ce quotidien pour être souligné alors que l’écrasante majorité des unes sont en français. L’esprit (Saint) linguistique de la séquence a donc traversé jusqu’au choix éditorial du journal.

Autre fait marquant, précédant la visite papale quant à lui : le Conseil d’administration de l’université de Corse a approuvé à l’unanimité le 12 décembre 2024 un projet de traduction en corse du Missel et de la Bible. Le journal Corse-matin titrait ainsi deux jours plus tard et suite à la visite du Pape : « La langue corse bientôt officielle pendant les messes ? ».
L’article indique que l’université de Corse a proposé à Monseigneur Bustillo que la Bible et le Missel soient traduits en langue corse en accord avec les autorités ecclésiastiques. L’article ajoute que « si des initiatives privées existent, il s’agirait du premier ouvrage validé par le Vatican ». La proposition est faite aux autorités religieuses de traduire le Missel en langue corse afin de contribuer à la corsophonisation des messes. Cela participe de l’outillage normal d’une langue qui cherche à se diffuser et à s’étendre socialement, ce que la sociolinguistique appelle la « normalisation ».

Dernier point que nous voudrions évoquer au sujet des suites immédiates consécutives à la visite papale : à peine quatre jours après cette journée, avait lieu la session mensuelle de l’Assemblée de Corse. À cette occasion, comme chaque mois, la présidente de l’Assemblée de Corse ouvre la séance par un discours solennel. Nous voudrions livrer quelques extraits du discours post-papal à travers lequel la présidente se livre à une analyse de la journée. Ce discours, consultable en ligne dans son intégralité, comportait trois langues, corse et français comme souvent mais également italien puisque la présidente de l’Assemblée y reprenait une citation du Pape François. Nous citons un extrait significatif relatif à notre sujet :
"A nostra lingua è a nostra bandera sventulate dapertuttu ! Comme une évidence, nous avons donné à voir au Pape, et au monde, qu’il y a bien un peuple sur cette terre, fier de ses traditions, désireux de les sauvegarder, capable de les partager.
Et cela n’a fait aucun doute. Un pape s’exprimant en italien, sans traduction, sur cette petite île de Corse où les langues corse, italienne puis française dialoguent sans polémique aucune.
Nous sommes bien ce que nous disons être depuis des décennies, un peuple avec une langue et une culture propres, naturellement ancré au sein de l’arc nord-tyrrhénien, un peuple qui ne demande qu’à renouer avec cette Méditerranée dont nous sommes tous les enfants. Une culture multiple assumée et vécue !
[…]
Una chjama particulare vogliu fà à i ghjovani, impauriti pè a sorte di a nostra lingua. O ghjuvanotti, erate numerosi in carrughju dumenica. Avete vistu ch’è no simu un populu arrittu quand’e no vulemu. À noi di cuntinuà, cù voi, à parlà è cantà corsu sempre è in ogni uccasione è à fà sventulà isse bandere. S’è no travagliemu inseme è s’è no parlemu corsu u più pussibile, in ogni spaziu di vita, a feremu campà issa lingua è ùn averemu più nunda à teme nè di i tribunali nè di e corte d’appellu !"
Et cela n’a fait aucun doute. Un pape s’exprimant en italien, sans traduction, sur cette petite île de Corse où les langues corse, italienne puis française dialoguent sans polémique aucune.
Nous sommes bien ce que nous disons être depuis des décennies, un peuple avec une langue et une culture propres, naturellement ancré au sein de l’arc nord-tyrrhénien, un peuple qui ne demande qu’à renouer avec cette Méditerranée dont nous sommes tous les enfants. Une culture multiple assumée et vécue !
[…]
Una chjama particulare vogliu fà à i ghjovani, impauriti pè a sorte di a nostra lingua. O ghjuvanotti, erate numerosi in carrughju dumenica. Avete vistu ch’è no simu un populu arrittu quand’e no vulemu. À noi di cuntinuà, cù voi, à parlà è cantà corsu sempre è in ogni uccasione è à fà sventulà isse bandere. S’è no travagliemu inseme è s’è no parlemu corsu u più pussibile, in ogni spaziu di vita, a feremu campà issa lingua è ùn averemu più nunda à teme nè di i tribunali nè di e corte d’appellu !"
Pour conclure
Nous avons débuté notre analyse par le contexte troublé des manifestations d’une partie de la jeunesse insulaire suite à l’arrêt de la cour d’Appel de Marseille. Nous avons voulu terminer notre réflexion par là où nous avions commencé. Néanmoins, en montrant, d’une part, toute la complexité sociolinguistique qui entourait cette décision juridique et qu’en aucun cas la situation pouvait être réduite à la question d’avoir ou non le droit de parler corse accordée par un Tribunal administratif. D’autre part, nous avons voulu montrer à travers cet article les possibilités d’un dépassement du conflit, par l’acceptation des enchevêtrements et de la pluralité sociolinguistiques.
C’est sans doute la marque d’une forme de résilience linguistique et une perspective à tracer collectivement, sans naïveté aucune tant la menace qui pèse sur la langue corse et plus généralement sur la diversité culturelle dans le monde est prégnante. En effet, si les locuteurs de corse (et ceux qui veulent le devenir) ne bénéficient pas des outils juridiques, institutionnels et sociaux garantissant l’acquisition, le développement et l’usage du corse, alors cette langue disparaîtra comme langue usuelle du peuple corse ou sera cantonnée à des usages très circonscrits et/ou symboliques.
La visite du Pape en Corse a transcendé le seul événement religieux pour devenir, parmi d’autres choses, également un moment de réflexion autour des enjeux sociolinguistiques de l’île. Entre l’affirmation identitaire, la revitalisation linguistique et les défis du plurilinguisme, cette visite a mis en lumière les dynamiques complexes qui caractérisent la Corse contemporaine et quelques traits possibles du projet de société à construire.
Le mot « Pace », inscrit sur le fronton du chapiteau installé pour l’occasion, devant l’immense statue de Napoléon, nous offrait un champ visuel, à la fois historique, religieux et langagier, avec une formidable perspective. La Paix face à l’un des hommes les plus réputés au monde et dans l’Histoire pour avoir fait la guerre et conquis d’innombrables territoires.
Ce jour-là, il s’agissait bien de cela, que l’on soit croyant ou non. Et si, en ce jour si particulier, la paix avait aussi touché les langues et les hommes et les femmes qui les parlent. Et si ce plurilinguisme d’un jour, passé presque inaperçu tant il s’est réalisé à travers une banalité déconcertante, devenait notre chemin, non pas de croix mais d’espérance, de respect et de dignité pour signifier une nouvelle approche concernant notre peuple, sa culture et ses langues ? Mettons-nous à croire !
C’est sans doute la marque d’une forme de résilience linguistique et une perspective à tracer collectivement, sans naïveté aucune tant la menace qui pèse sur la langue corse et plus généralement sur la diversité culturelle dans le monde est prégnante. En effet, si les locuteurs de corse (et ceux qui veulent le devenir) ne bénéficient pas des outils juridiques, institutionnels et sociaux garantissant l’acquisition, le développement et l’usage du corse, alors cette langue disparaîtra comme langue usuelle du peuple corse ou sera cantonnée à des usages très circonscrits et/ou symboliques.
La visite du Pape en Corse a transcendé le seul événement religieux pour devenir, parmi d’autres choses, également un moment de réflexion autour des enjeux sociolinguistiques de l’île. Entre l’affirmation identitaire, la revitalisation linguistique et les défis du plurilinguisme, cette visite a mis en lumière les dynamiques complexes qui caractérisent la Corse contemporaine et quelques traits possibles du projet de société à construire.
Le mot « Pace », inscrit sur le fronton du chapiteau installé pour l’occasion, devant l’immense statue de Napoléon, nous offrait un champ visuel, à la fois historique, religieux et langagier, avec une formidable perspective. La Paix face à l’un des hommes les plus réputés au monde et dans l’Histoire pour avoir fait la guerre et conquis d’innombrables territoires.
Ce jour-là, il s’agissait bien de cela, que l’on soit croyant ou non. Et si, en ce jour si particulier, la paix avait aussi touché les langues et les hommes et les femmes qui les parlent. Et si ce plurilinguisme d’un jour, passé presque inaperçu tant il s’est réalisé à travers une banalité déconcertante, devenait notre chemin, non pas de croix mais d’espérance, de respect et de dignité pour signifier une nouvelle approche concernant notre peuple, sa culture et ses langues ? Mettons-nous à croire !